Eglise Notre-Dame
L'exposition "les Aventures du Verre" de 1999 s'est déroulée
dans la plus ancienne église de Namur : l'église Notre-Dame. Cette
bâtisse méconnue vaut cependant le détour car elle
fait partie du patrimoine et de l'histoire de Namur. Celle-ci est encore
fermée au public car elle a besoin d'être restaurée.
Cependant, exceptionnellement, l'église a ouvert ses portes, pour
un bref instant, l'espace de cette exposition.
Léglise Notre-Dame fut bâtie par les religieux eux-mêmes. De style
Renaissance, elle tend déjà vers le classicisme. Deux styles dominent
dans le mobilier, une partie de celui-ci provient de lancienne église,
lautre après la construction de la nouvelle.
Léglise est constituée dun choeur, dun transept, dune
grande nef et de deux nefs secondaires. Elle possède de hautes colonnes
de pierres blanchies surmontées de chapitaux ioniques et corinthiens.
Les vitraux héraldiques qui projetaient dans léglise des couleurs
chatoyantes ont presque tous disparus lors dun bombardement. Les
vitraux actuels furent réalisés en 1960-1969 par Yvonne Gérard et renferment
dans les petites nefs les blasons de corporations, dans le transept et
le choeur, les blasons des abbayes, des institutions et des familles,
bienfaiteurs lors de la construction.
Le maître-autel provient de lancienne église. La base, en marbre,
est surmontée dun couronnement en bois peint, uvre de style
Louise XV, due à Denis-Georges Bayar. La clôture du choeur, en marbre
noir de Saint Rémy , surmontée de deux statues de bois peint qui
symbolisent la Foi et lEspérance, est également de Denis Bayar.
La table du maître-autel et le Christ qui la domine sont de style Louis
XVI. Lautel a été offert par M. Chaveau, gros bourgeois de la ville.
Les armoiries de bois doré placées sur lautel sont celles de sa
famille. (1)
Lautel est entouré de deux portes sculptées. Elles sont de style
anversoirs. Dans le choeur, sont alignées aussi les stalles des pères.
Ce sont des boiseries de chêne travaillé. Elles sont sobres et rudes et
confirment bien la valeur des sculpteurs namurois. Dans la niche de lautel
se trouvait jadis un tableau remplacé depuis par des statues.
Cest le 13 janvier 1753 que lévêque Mgr de Berle de Franc-Douaire
consacrait léglise.
Les peitures qui ornent le choeur sont dues à Van Severdonck, elles illustrent
des scènes de la vie de la Vierge. Le peintre a choisi plusieurs fois
son épouse comme modèle. Il se représente aussi plusieurs fois lui-même
(4)
Van Severdonck, élève de Wappers dAnvers, est un des derniers représentants
de lEcole de Rubens.
Dans le choeur également, laigle de bois sculpté de style Louis
XIV.
Cest aussi dans le choeur que sont enterrés les comptes de Namur
Guillaume 1er et Guillaume II et les comtesse Catherine de
Savoir et Jeanne dHarcourt.(2-3)
On y trouve aussi les pierres tombales des familles dAragon et de
Mérode. Les armoiries qui se trouvent sur les faces intérieures de la
clôture et qui appartiennent à Dame Wilhelmine, comtesse de Gaetani dAragon,
née comtesse de Mérode de Groesbeek et du Saint Empire, morte en 1739
et à Magdelaine, comtesse de Bryas ont été martelées lors de la Révolution.
Dans le transept, lautel qui se trouve à droite du choeur est dédié
à Notre-Dame de Hal. Cest une uvre de Misson, maître maçon
namurois. La statue de Notre-Dame de Hal est vêtue à lespagnole.
A gauche de cet autel, le groupe de la Sainte Trinité XVIè siècle provient
de lancienne collégiale Notre-Dame.(5)
Les confessionnaux de 1768 et 1769 sont des oeuvres de chêne sculpté.
Des petits tableaux y sont encastrés.
Le banc de communion est luvre de Bayar.
La chaire de vérité, uvre sobre a été offerte en 1776 par la corporation
des tanneurs. Notre-Dame, en effet, se trouvait dans le quartier des tanneurs.
La chaire est signée D.E.
Le Jubé est monumental. Son mouvement est délicat et élancé, avec balustrade
ajourée dun décor dinstruments de musique en bois (3è
quart du XVIIIè s.). Excellent orgue. (10)
La façade de Notre-Dame est due à larchitecte namurois Maljean.
Elle est très simple et possède des traits communs avec léglise
Notre-Dame des Victoires à Paris. Sa porte est ancienne. La façade sornait
jadis des amroiries des Frères Mineurs et de Charles de Lorraine. Elles
ont été martelées à la Révolution. Au centre, portail en plein cintre
daté de 1751 avec vataux et imposte sculptés.
Portails latéraux surbaissés à clé sous fenêtre de même forme également
moulurée. Létage est éclairé dune baie en plein cintre. Cette
fenêtre renfermait le vitrail de lAssomption. Deux colonnes surmontées
dun flambeau et la petite niche déserte quune statue habitait
jadis, agrémente la sévérité de la façade.
Dans le fond de léglise, à droite de lentrée souvre
la chapelle de Saint-Hubert.
Elle contient une vieille statue en bois vermoulu de l " Ecce
Homo ". Des miniatures à lexpression vivante symbolisent
la chasse miraculeuse du patron des chassuers. Les fonts baptismaux gothiques
osnt constitués dun pauvre socle en bois qui soutient une belle
sphère en cuivre.
Lautel est du XVIIIè siècle. Il est en bois (9).
La crypte de léglise a été démolie lors de linstallation de
la chaufferie.
Sur la droite du tansept, un splendide autel de marbre blanc et noir est
dû à Bayar. On y remarque un écusson
doré. Une statue en marbre de Carrare a été sculptée par Laurent Delvaux,
mort à Nivelles. Elle représente Saint-Antoine.
Cest une des meilleures uvres de lartiste. La fille
du sculpteur aurait posé pour la physionomie du saint. Les anges en bois
blanc sont de Bayar. (7) Année 1758.
Lautel à gauche du choeur est dédié à Notre-Dame des Victoires.
Cest un don de la corporation des menuisiers. Saint-Joseph, leur
patron, uvre de Brigaude, figure sur lautel.
Le tabernacle de cuivre du XIXè siècle remplace le vieux tabernacle en
bois.
Lautel à gauche dans le transept est encore une uvre de Bayar.
Sa partie supérieur est en bois peint, le reste en marbre. Une statue
de Saint-François due à lAnversois Schobbens, le décoré. Il est
orné dun cartouche de labbé Clément Feraille, prélat de Floreffe
et de sa devise. Des anges lornent aussi. (6) - 1759.
Le transept possède un plafond en couple.
Au centre de celui-ci, on remarque une peinture du XVIIIè siècle, due
au frère Allay, originaire de Couvin. On admire aussi dans cette partie
de léglise une pierre tombale de la baronne de Brune, une abesse
de Moustier-sur-Sambre.
Les deux nefs latérales sont décorées par un monumental chemin de croix
de Van Severdonck.
Dans le premier tableau, il sest représenté en Ponce-Pilate et dans
le dernier tableau on le voit avec son chien.(8)
Extrait de "L'Eglise Notre-Dame à Namur" de Franz VAN
PETEGHEM - Namur 1988
Bayar Denis-George
né à Namur - paroisse Saint-Michel (Collégiale Notre-Dame) 1690-1774.
Sculpteur-entrepreneur namurois. Auteur de la Porte de Sambre et Meuse (1728), des
médaillons de la façade de la cathédrale Saint Aubain, de la chaire de vérité à
l'église Saint Loup, des autels et sculptures à l'église Notre-Dame, à l'abbaye de
Salzinnes et de la Paix Notre-Dame, l'église d'Hakendover, l'église de Dave. Ses
principaux clients étaient les abbayes, les châteaux, les églises et des particuliers.
Il sculpta des lambris et des cheminées pour le château de Brumagne. Il travaille à la
décoration de nombreuses abbayes : Moulin, Waulsort, Granpré, Brogne, Gembloux,
Floreffe, Villers, Heylissem, Orval, Afflighem et Saint Trond, également au Prieuré
d'Oignies. On lui doit aussi plusieurs sculptures de façade à Louvain, un portail pour
la ville de Ninove et les deux médaillons de Saint Servais et de Saint Monulphe à la
Collégiale de Maastricht. Bayar construisit le pont sur l'Orneau (1751) et les trois
denrières arches du pont de Jambes sautées en 1746, etc... Son rayonnement s'étendit
dans les Pays-Bas autrichiens et dans la Principauté de Liège.
PLAN intérieur (bientôt disponible)
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